Notio : apraxia

T5_Arcesilas apud  Sextus Empiricus Adversus Mathematicos_VII_XI 7  3  158

ἐφέξει ἄρα περὶ πάντων ὁ σοφός. ἀλλ' ἐπεὶ μετὰ τοῦτο ἔδει καὶ περὶ τῆς τοῦ βίου διεξαγωγῆς ζητεῖν, ἥτις οὐ χωρὶς κριτηρίου πέφυκεν ἀποδίδοσθαι, ἀφ' οὗ καὶ ἡ εὐδαιμονία, τουτέστι τὸ τοῦ βίου τέλος, ἠρτημένην ἔχει τὴν πίστιν, φησὶν ὁ Ἀρκεσίλαος, ὅτι ὁ περὶ πάντων ἐπέχων κανονιεῖ τὰς αἱρέσεις καὶ φυγὰς καὶ κοινῶς τὰς πράξεις τῷ εὐλόγῳ, κατὰ τοῦτό τε προερχόμενος τὸ κριτήριον κατορθώσει˙ τὴν μὲν γὰρ εὐδαιμονίαν περιγίνεσθαι διὰ τῆς φρονήσεως, τὴν δὲ φρόνησιν κεῖσθαι ἐν τοῖς κατορθώμασιν, τὸ δὲ κατόρθωμα εἶναι ὅπερ πραχθὲν εὔλογον ἔχει τὴν ἀπολογίαν. ὁ προσέχων οὖν τῷ εὐλόγῳ κατορθώσει καὶ εὐδαιμονήσει.
Donc le sage suspendra son assentiment sur toutes choses. Mais, puisqu’ensuite il était nécessaire aussi d’enquêter sur la façon de mener sa vie, ce dont on ne peut naturellement pas rendre compte sans un critère, et que le bonheur – qui est la fin de la vie – dépend lui aussi de ce critère pour la confiance qu’on lui porte, Arcésilas affirme que celui qui suspend son assentiment sur toutes choses règle ses choix, ses refus et ses actions en général sur ce qui est raisonnable, et qu’en suivant ce critère, il agit droitement. Car le bonheur s’atteint grâce à la prudence, la prudence se trouve dans les actions droites, et l’action droite est l’action qui, lorsqu’elle est réalisée, possède une justification raisonnable. Par conséquent, celui qui suit ce qui est raisonnable agira droitement et sera heureux
AM_XI_160 apud  Sextus Empiricus Adversus Mathematicos_VII_XI 11  3  160

οὐκοῦν ὁ περὶ πάντων ἐπέχων τῶν κατὰ δόξαν τελειοτάτην καρποῦται τὴν εὐδαιμονίαν, ἐν δὲ τοῖς ἀκουσίοις καὶ ἀλόγοις κινήμασι ταράττεται μέν (οὐ γὰρ ἀπὸ δρυός ἐστι παλαιφάτου, οὐδ’ ἀπὸ πέτρης, ἀλλ’ ἀνδρῶν γένος ἦεν), μετριοπαθῶς δὲ διατίθεται. ὅθεν καὶ καταφρονεῖν ἀναγκαῖον τῶν εἰς ἀνενεργησίαν αὐτὸν περικλείεσθαι νομιζόντων ἢ εἰς ἀπέμφασιν, καὶ εἰς ἀνενεργησίαν μέν, ὅτι τοῦ βίου παντὸς ἐν αἱρέσεσι καὶ φυγαῖς ὄντος ὁ μήτε αἱρούμενός τι μήτε φύγων δυνάμει τὸν βίον ἀρνεῖται καί τινος φυτοῦ τρόπον ἐπεῖχεν, εἰς ἀπέμφασιν δέ, ὅτι ὑπὸ τυράννω ποτὲ γενόμενος καὶ τῶν ἀρρήτων τι ποιεῖν ἀναγκαζόμενος ἢ οὐχ ὑπομενεῖ τὸ προσταττόμενον, ἀλλ’ ἑκούσιον ἑλεῖται θάνατον, ἢ φεύγων τὰς βασάνους ποιήσει τὸ κελευόμενον, οὕτω τε οὐκέτι ἀφυγὴς καὶ ἀναίρετος ἔσται κατὰ τὸν Τίμωνα, ἀλλὰ τὸ μὲν ἑλεῖται, τοῦ δ’ ἀποστήσεται, ὅπερ ἦν τῶν μετὰ πείσματος κατειληφότων τὸ φευκτόν τι εἶναι καὶ αἱρετόν. ταῦτα δὴ λέγοντες οὐ συνιᾶσιν, ὅτι κατὰ μὲν τὸν φιλόσοφον λόγον οὐ βιοῖ ὁ σκεπτικός (ἀνενέργητος γάρ ἐστιν ὅσον ἐπὶ τούτῳ), κατὰ δὲ τὴν ἀφιλόσοφον τήρησιν δύναται τὰ μὲν αἱρεῖσθαι, τὰ δὲ φεύγειν. ἀναγκαζόμενός τε ὑπὸ τυράννου τι τῶν ἀπηγορευμένων πράττειν, τῇ κατὰ τοὺς πατρίους νόμους καὶ τὰ ἔθη προλήψει τυχὸν τὸ μὲν ἑλεῖται, τὸ δὲ φεύξεται· καὶ ῥᾷόν γε οἴσει τὸ σκληρὸν παρὰ τὸν ἀπὸ τῶν δογμάτων, ὅτι οὐδὲν ἔξωθεν τούτων προσδοξάζει καθάπερ ἐκεῖνος.
Donc celui qui suspend [son jugement] sur tout ce qui dépend de l’opinion jouit d’un bonheur parfait, et même s’il est troublé dans ses sentiments involontaires et irrationnels car « il n’est pas fils d’un chêne ou d’une pierre, mais il était du genre humain » , il est affecté avec modération. Pour cette raison il faut aussi mépriser ceux qui pensent que le sceptique est réduit à l’inaction ou à la contradiction. À l’inaction, au prétexte que, la vie tout entière consistant dans des choix et des refus, celui qui ne choisit ni ne fuit rien refuse en puissance la vie et gît là comme une plante. À la contradiction, parce que, une fois sous le pouvoir d’un tyran et contraint de faire quelque chose d’indicible, soit il n’accepte pas l’ordre et choisit volontairement la mort, soit fuyant les souffrances, il fera ce qu’on lui ordonne et ainsi ne sera pas « privé de choix et de refus » comme le dit Timon, mais choisira une chose et s’éloignera de l’autre, ce qui serait du ressort de ceux qui saisissent avec confiance qu’il y a quelque chose à fuir et quelque chose à choisir. Mais lorsqu’ils disent cela, ils ne comprennent pas que le sceptique ne vit pas suivant un raisonnement philosophique (le sceptique est inactif, en effet, en ce qui concerne ce dernier), mais suivant l’observation non philosophique, il peut choisir certaines choses et en fuir d’autres. Donc s’il est contraint par un tyran à faire quelque chose de défendu, il choisira au cas par cas une chose et en fuira une autre selon la préconception des lois nationales et des coutumes. Et il supportera plus facilement la dureté que les autres dogmatiques parce que, par rapport aux dogmatiques, il n’ajoute rien d’extérieur à ces questions.
T2_Pyrrho apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 9  3  62

Ἀκόλουθος δ' ἦν καὶ τῷ βίῳ, μηδὲν ἐκτρεπόμενος μηδὲ φυλαττόμενος, ἅπαντα ὑφιστάμενος, ἀμάξας, εἰ τύχοι, καὶ κρημνοὺς καὶ κύνας καὶ ὅσα 〈τοιαῦτα〉 μηδὲν ταῖς αἰσθήσεσιν ἐπιτρέπων. σώζεσθαι μέντοι, καθά φασιν οἱ περὶ τὸν Καρύστιον Ἀντίγονον, ὑπὸ τῶν γνωρίμων παρακολουθούντων. Αἰνεσίδημος δέ φησι φιλοσοφεῖν μὲν αὐτὸν κατὰ τὸν τῆς ἐποχῆς λόγον, μὴ μέντοι γ' ἀπροοράτως ἕκαστα πράττειν.
Il était conséquent jusque dans sa vie, ne se détournant de rien, ne prenant garde à rien, affrontant toute chose, les voitures, le cas échéant, les précipices, les chiens, en ne fiant en rien à ses sensations pour toutes ces choses. Il n'était sauvé, cependant, comme le dit Antigone de Caryste, que par ses disciples qui l'accompagnaient. Mais Enésidème dit qu'il (sc. Pyrrhon) philosophait selon la théorie de la suspension du jugement, mais que pour chaque chose, il n'agissait pas sans précaution.
DL_104 apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 9  8  104

Πάλιν οἱ δογματικοί φασιν καὶ τὸν βίον αὐτοὺς ἀναιρεῖν, ἐν ᾧ πάντ' ἐκβάλλουσιν ἐξ ὧν ὁ βίος συνέστηκεν. οἱ δὲ ψεύδεσθαί φασιν αὐτούς˙ οὐ γὰρ τὸ ὁρᾶν ἀναιρεῖν, ἀλλὰ τὸ πῶς ὁρᾶν ἀγνοεῖν. καὶ γὰρ τὸ φαινόμενον τιθέμεθα, οὐχ ὡς καὶ τοιοῦτον ὄν. καὶ ὅτι τὸ πῦρ καίει αἰσθανόμεθα˙ εἰ δὲ φύσιν ἔχει καυστικὴν ἐπέχομεν.
A nouveau les dogmatiques disent que les sceptiques détruisent même la vie, à propos de laquelle ils rejettent tout ce en quoi la vie consiste. Mais les sceptiques disent qu'ils se trompent, car ils ne détruisent pas le fait de voir, mais ils ignorent comment on voit. En effet, nous posons le phénomène, mais non pas comme étant tel qu'il apparaît. Et que le feu brûle, nous le sentons, mais nous suspendons notre jugement sur la question de savoir s'il a une nature brûlante.
T3_Carneades apud  Cicero Academica 2  32  104

Quae cum exposuisset, adiungit dupliciter dici adsensus sustinere sapientem, uno modo cum hoc intellegatur, omnino eum rei nulli adsentiri, altero cum se a respondendo ut aut adprobet quid aut inprobet sustineat, ut neque neget aliquid neque aiat. Id cum ita sit, alterum placere ut numquam adsentiatur, alterum tenere ut sequens probabilitatem, ubicumque haec aut occurrat aut deficiat, aut 'etiam' aut 'non' respondere possit. †nec ut† placeat eum qui de omnibus rebus contineat se ab adsentiendo moveri tamen et agere aliquid, reliquit eius modi visa quibus ad actionem excitemur, item ea quae interrogati in utramque partem respondere possimus sequentes tantum modo quod ita visum sit, dum sine adsensu; neque tamen omnia eius modi visa adprobari sed ea quae nulla re inpedirentur.
Après avoir exposé cela, Clitomaque ajoute que l'on peut dire en deux sens que « le sage suspend son assentiment ». Selon le premier sens, il faut comprendre que le sage ne donne son assentiment absolument à rien. Selon le second sens, il s'abstient de donner une réponse qui fasse qu'il approuve ou désapprouve quoi que ce soit, de sorte qu'il ne nie ni n’affirme rien. Puisqu’il en est ainsi, il accepte d'un côté le premier sens de sorte qu'il ne donne jamais son assentiment, de l'autre, il maintient le second sens de sorte qu'il suit ce qui est plausible, et lorsque celui-ci se présente, ou au contraire lorsqu'il manque, il peut répondre "oui" ou "non". Puisqu'il pense que celui qui, à toutes choses, s'abstient de donner son assentiment se meut pourtant et agit, il accepte ces impressions qui nous poussent à agir, ainsi que, lorsque nous sommes interrogés, les réponses que nous pouvons donner pour ou contre quelque chose en suivant seulement les impressions, sans pourtant donner notre assentiment. Cependant ce ne sont pas toutes les impressions de ce genre qui sont approuvées, mais celles qui ne sont empêchées par rien.