Notio : ataraxia

PH_I_12 apud  Sextus Empiricus Pyrrhoniae hypotyposes 1  6  12

Ἀρχὴν δὲ τῆς σκεπτικῆς αἰτιώδη μέν φαμεν εἶναι τὴν ἐλπίδα τοῦ ἀταρακτήσειν˙ οἱ γὰρ μεγαλοφυεῖς τῶν ἀνθρώπων ταρασσόμενοι διὰ τὴν ἐν τοῖς πράγμασιν ἀνωμαλίαν, καὶ ἀποροῦντες τίσιν αὐτῶν χρὴ μᾶλλον συγκατατίθεσθαι, ἦλθον ἐπὶ τὸ ζητεῖν, τί τε ἀληθές ἐστιν ἐν τοῖς πράγμασι καὶ τί ψεῦδος, ὡς ἐκ τῆς ἐπικρίσεως τούτων ἀταρακτήσοντες. συστάσεως δὲ τῆς σκεπτικῆς ἐστιν ἀρχὴ μάλιστα τὸ παντὶ λόγῳ λόγον ἴσον ἀντικεῖσθαι· ἀπὸ γὰρ τούτου καταλήγειν δοκοῦμεν εἰς τὸ μὴ δογματίζειν
Nous disons que le principe causal du scepticisme est l’espoir d'atteindre l'état d'ataraxie. Car les hommes bien nés, qui sont troublés par l’irrégularité qu’il y a dans les choses et embarrassés pour décider quelles sont celles auxquelles il faut donner son assentiment, ont été amenés à chercher ce qui est vrai et ce qui est faux dans ces choses, espérant que cette décision leur apportera l’ataraxie. Mais le principe constitutif du scepticisme est surtout le fait qu’à tout argument s’oppose un argument égal ; car c’est à partir de cela, nous semble-t-il, que nous arrivons à ne pas dogmatiser.
PH_I_28 apud  Sextus Empiricus Pyrrhoniae hypotyposes 1  12  28

ὅπερ οὖν περὶ Ἀπελλοῦ τοῦ ζωγράφου λέγεται, τοῦτο ὑπῆρξε τῷ σκεπτικῷ. φασὶ γὰρ ὅτι ἐκεῖνος ἵππον γράφων καὶ τὸν ἀφρὸν τοῦ ἵππου μιμήσασθαι τῇ γραφῇ βουληθεὶς οὕτως ἀπετύγχανεν ὡς ἀπειπεῖν καὶ τὴν σπογγιὰν εἰς ἣν ἀπέμασσε τὰ ἀπὸ τοῦ γραφείου χρώματα προσρῖψαι τῇ εἰκόνι˙ τὴν δὲ προσαψαμένην ἵππου ἀφροῦ ποιῆσαι μίμημα.καὶ οἱ σκεπτικοὶ οὖν ἤλπιζον μὲν τὴν ἀταραξίαν ἀναλήψεσθαι διὰ τοῦ τὴν ἀνωμαλίαν τῶν φαινομένων τε καὶ νοουμένων ἐπικρῖναι, μὴ δυνηθέντες δὲ ποιῆσαι τοῦτο ἐπέσχον˙ ἐπισχοῦσι δὲ αὐτοῖς οἷον τυχικῶς ἡ ἀταραξία παρηκολούθησεν ὡς σκιὰ σώματι.
En fait, il est arrivé au sceptique précisément ce qu'on dit du peintre Apelle. On raconte qu’alors qu’il peignait un cheval et qu’il essayait d’en imiter l’écume dans son tableau, son échec fut tel qu’il renonça et jeta sur le tableau l’éponge sur laquelle il essuyait les couleurs de son pinceau ; au contact du tableau l’éponge produisit une imitation de l’écume du cheval. Donc les sceptiques aussi espéraient obtenir l’ataraxie en prenant des décisions face à l’irrégularité des phénomènes et des choses pensées, et comme ils ne pouvaient prendre de décision, ils suspendirent leur jugement. Mais, une fois suspendu leur jugement l’ataraxie s’ensuivit comme par hasard, de même qu’une ombre suit un corps
T4_Pyrrho apud  Eusebius Caesariensis Preparatio Evangelica 14  18  1

Ἀναγκαίως δ’ ἔχει πρὸ παντὸς διασκέψασθαι περὶ τῆς ἡμῶν αὐτῶν γνώσεως· εἰ γὰρ αὐτοὶ μηδὲν πεφύκαμεν γνωρίζειν, οὐδὲν ἔτι δεῖ περὶ τῶν ἄλλων σκοπεῖν. Ἐγένοντο μὲν οὖν καὶ τῶν πάλαι τινὲς οἱ ἀφέντες τήνδε τὴν φωνήν, οἷς ἀντείρηκεν Ἀριστοτέλης. Ἴσχυσε μέντοι τοιαῦτα λέγων καὶ Πύρρων ὁ Ἠλεῖος. Ἀλλ’ αὐτὸς μὲν οὐδὲν ἐν γραφῇ καταλέλοιπεν.Ὁ δέ γε μαθητὴς αὐτοῦ Τίμων φησὶ δεῖν τὸν μέλλοντα εὐδαιμονήσειν εἰς τρία ταῦτα βλέπειν· πρῶτον μὲν ὁποῖα πέφυκε τὰ πράγματα, δεύτερον δὲ τίνα χρὴ τρόπον ἡμᾶς πρὸς αὐτὰ διακεῖσθαι, τελευταῖον δὲ τί περιέσται τοῖς οὕτως ἔχουσι. Τὰ μὲν οὖν πράγματά φησιν αὐτὸν ἀποφαίνειν ἐπ’ ἴσης ἀδιάφορα καὶ ἀστάθμητα καὶ ἀνεπίκριτα· διὰ τοῦτο μήτε τὰς αἰσθήσεις ἡμῶν μήτε τὰς δόξας ἀληθεύειν ἢ ψεύδεσθαι. Διὰ τοῦτο οὖν μηδὲ πιστεύειν αὐταῖς δεῖν, ἀλλ’ ἀδοξάστους καὶ ἀκλινεῖς καὶ ἀκραδάντους εἶναι, περὶ ἑνὸς ἑκάστου λέγοντας, ὅτι οὐ μᾶλλον ἔστιν ἢ οὐκ ἔστιν, ἢ καὶ ἔστι καὶ οὐκ ἔστιν, ἢ οὔτε ἔστιν, οὔτ’ οὐκ ἔστιν. Τοῖς μέντοι γε διακειμένοις οὕτω περιέσεσθαι Τίμων φησὶ πρῶτον μὲν ἀφασίαν, ἔπειτα δ’ ἀταραξίαν , Αἰνησίδημος δὲ ἡδονήν.
Avant toute chose, il est nécessaire d’examiner attentivement notre propre connaissance, car si au contraire par nature nous ne connaissons rien, alors il ne sert à rien de faire des recherches sur les autres choses. Or, effectivement chez les Anciens aussi certains l’ont affirmé, contre lesquels Aristote a produit une réfutation. Pyrrhon d’Élis a lui aussi tenu avec force de tels propos : quant à lui, il n’a laissé aucun écrit, en revanche son disciple Timon dit que celui qui veut être heureux doit avoir en vue les trois choses suivantes : premièrement, quelle est la nature des choses, deuxièmement, quelle doit être notre disposition vis-à-vis d’elles, enfin que résulte-t-il pour ceux qui ont adopté une telle disposition. Il dit que Pyrrhon révélait qu’en ce qui concerne les choses, celles-ci sont également indifférenciées, instables et indéterminées, et que par conséquent ni nos sensations, ni nos opinions ne disent la vérité ni ne nous trompent. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas leur accorder notre confiance, mais être sans opinion, sans inclination, inébranlables, et dire de chaque chose pas davantage « elle est » que « elle n’est pas », ou « à la fois elle est et elle n’est pas », ou « elle n'est pas et elle n’est pas n’est pas ».Pour ceux qui se sont disposés de cette façon, Timon dit qu’il en résultera d’abord l’aphasie, ensuite l’ataraxie et pour Énésidème le plaisir.
T6_Pyrrho apud  Eusebius Caesariensis Preparatio Evangelica 14  18  18

(....)ἐνθυμεῖσθαι μέντοι χρὴ καὶ ταῦτα γὰρ ἂν γένοιτο πολίτης ἢ δικαστὴς ἢ σύμβουλος ἢ φίλος ἢ ἁπλῶς εἰπεῖν ἄνθρωπος ὅ γε τοιοῦτος; ἢ τί τῶν κακῶν οὐ τολμήσειεν ἂν ὁ μηδὲν ὡς ἀληθῶς οἰόμενος εἶναι κακὸν ἢ αἰσχρὸν ἢ δίκαιον ἢ ἄδικον; οὐδὲ γὰρ ἐκεῖνο φαίη τις ἄν, ὅτι τοὺς νόμους δεδοίκασι καὶ τὰς τιμωρίας οἱ τοιοῦτοι· πῶς γὰρ οἵ γε ἀπαθεῖς καὶ ἀτάραχοι, καθάπερ αὐτοί φασιν, ὄντες;
(...)Il faut aussi considérer ceci : quel citoyen, quel juge, quel conseiller, quel ami, ou finalement quel homme serait un pareil individu ? devant quels forfaits reculerait-il, lui qui ne regarde rien comme vraiment mal ou honteux, juste ou injuste. Car qu’on n’aille pas dire que ces gens-là craignent les lois et les châtiments, avec l’insensibilité et l’ataraxie dont ils se targuent.
T7_Pyrrho apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 9  4  68

Ποσειδώνιος δὲ καὶ τοιοῦτόν τι διέξεισι περὶ αὐτοῦ. τῶν γὰρ συμπλεόντων ἐσκυθρωπακότων ὑπὸ χειμῶνος, αὐτὸς γαληνὸς ὢν ἀνέρρωσε τὴν ψυχήν, δείξας ἐν τῷ πλοίῳ χοιρίδιον ἐσθίον καὶ εἰπὼν ὡς χρὴ τὸν σοφὸν ἐν τοιαύτῃ καθεστάναι ἀταραξίᾳ.
Posidonius raconte aussi ceci à son propos : alors que ses compagnons de traversée pâlissaient à cause d'une tempête, lui restait calme et réconfortait son âme en montrant sur le navire un petit cochon qui mangeait et en disant que le sage devait se maintenir dans le même état d'ataraxie.