Notio : epochè

AM_XI_160 apud  Sextus Empiricus Adversus Mathematicos_VII_XI 11  3  160

οὐκοῦν ὁ περὶ πάντων ἐπέχων τῶν κατὰ δόξαν τελειοτάτην καρποῦται τὴν εὐδαιμονίαν, ἐν δὲ τοῖς ἀκουσίοις καὶ ἀλόγοις κινήμασι ταράττεται μέν (οὐ γὰρ ἀπὸ δρυός ἐστι παλαιφάτου, οὐδ’ ἀπὸ πέτρης, ἀλλ’ ἀνδρῶν γένος ἦεν), μετριοπαθῶς δὲ διατίθεται. ὅθεν καὶ καταφρονεῖν ἀναγκαῖον τῶν εἰς ἀνενεργησίαν αὐτὸν περικλείεσθαι νομιζόντων ἢ εἰς ἀπέμφασιν, καὶ εἰς ἀνενεργησίαν μέν, ὅτι τοῦ βίου παντὸς ἐν αἱρέσεσι καὶ φυγαῖς ὄντος ὁ μήτε αἱρούμενός τι μήτε φύγων δυνάμει τὸν βίον ἀρνεῖται καί τινος φυτοῦ τρόπον ἐπεῖχεν, εἰς ἀπέμφασιν δέ, ὅτι ὑπὸ τυράννω ποτὲ γενόμενος καὶ τῶν ἀρρήτων τι ποιεῖν ἀναγκαζόμενος ἢ οὐχ ὑπομενεῖ τὸ προσταττόμενον, ἀλλ’ ἑκούσιον ἑλεῖται θάνατον, ἢ φεύγων τὰς βασάνους ποιήσει τὸ κελευόμενον, οὕτω τε οὐκέτι ἀφυγὴς καὶ ἀναίρετος ἔσται κατὰ τὸν Τίμωνα, ἀλλὰ τὸ μὲν ἑλεῖται, τοῦ δ’ ἀποστήσεται, ὅπερ ἦν τῶν μετὰ πείσματος κατειληφότων τὸ φευκτόν τι εἶναι καὶ αἱρετόν. ταῦτα δὴ λέγοντες οὐ συνιᾶσιν, ὅτι κατὰ μὲν τὸν φιλόσοφον λόγον οὐ βιοῖ ὁ σκεπτικός (ἀνενέργητος γάρ ἐστιν ὅσον ἐπὶ τούτῳ), κατὰ δὲ τὴν ἀφιλόσοφον τήρησιν δύναται τὰ μὲν αἱρεῖσθαι, τὰ δὲ φεύγειν. ἀναγκαζόμενός τε ὑπὸ τυράννου τι τῶν ἀπηγορευμένων πράττειν, τῇ κατὰ τοὺς πατρίους νόμους καὶ τὰ ἔθη προλήψει τυχὸν τὸ μὲν ἑλεῖται, τὸ δὲ φεύξεται· καὶ ῥᾷόν γε οἴσει τὸ σκληρὸν παρὰ τὸν ἀπὸ τῶν δογμάτων, ὅτι οὐδὲν ἔξωθεν τούτων προσδοξάζει καθάπερ ἐκεῖνος.
Donc celui qui suspend [son jugement] sur tout ce qui dépend de l’opinion jouit d’un bonheur parfait, et même s’il est troublé dans ses sentiments involontaires et irrationnels car « il n’est pas fils d’un chêne ou d’une pierre, mais il était du genre humain » , il est affecté avec modération. Pour cette raison il faut aussi mépriser ceux qui pensent que le sceptique est réduit à l’inaction ou à la contradiction. À l’inaction, au prétexte que, la vie tout entière consistant dans des choix et des refus, celui qui ne choisit ni ne fuit rien refuse en puissance la vie et gît là comme une plante. À la contradiction, parce que, une fois sous le pouvoir d’un tyran et contraint de faire quelque chose d’indicible, soit il n’accepte pas l’ordre et choisit volontairement la mort, soit fuyant les souffrances, il fera ce qu’on lui ordonne et ainsi ne sera pas « privé de choix et de refus » comme le dit Timon, mais choisira une chose et s’éloignera de l’autre, ce qui serait du ressort de ceux qui saisissent avec confiance qu’il y a quelque chose à fuir et quelque chose à choisir. Mais lorsqu’ils disent cela, ils ne comprennent pas que le sceptique ne vit pas suivant un raisonnement philosophique (le sceptique est inactif, en effet, en ce qui concerne ce dernier), mais suivant l’observation non philosophique, il peut choisir certaines choses et en fuir d’autres. Donc s’il est contraint par un tyran à faire quelque chose de défendu, il choisira au cas par cas une chose et en fuira une autre selon la préconception des lois nationales et des coutumes. Et il supportera plus facilement la dureté que les autres dogmatiques parce que, par rapport aux dogmatiques, il n’ajoute rien d’extérieur à ces questions.
PH_I_28 apud  Sextus Empiricus Pyrrhoniae hypotyposes 1  12  28

ὅπερ οὖν περὶ Ἀπελλοῦ τοῦ ζωγράφου λέγεται, τοῦτο ὑπῆρξε τῷ σκεπτικῷ. φασὶ γὰρ ὅτι ἐκεῖνος ἵππον γράφων καὶ τὸν ἀφρὸν τοῦ ἵππου μιμήσασθαι τῇ γραφῇ βουληθεὶς οὕτως ἀπετύγχανεν ὡς ἀπειπεῖν καὶ τὴν σπογγιὰν εἰς ἣν ἀπέμασσε τὰ ἀπὸ τοῦ γραφείου χρώματα προσρῖψαι τῇ εἰκόνι˙ τὴν δὲ προσαψαμένην ἵππου ἀφροῦ ποιῆσαι μίμημα.καὶ οἱ σκεπτικοὶ οὖν ἤλπιζον μὲν τὴν ἀταραξίαν ἀναλήψεσθαι διὰ τοῦ τὴν ἀνωμαλίαν τῶν φαινομένων τε καὶ νοουμένων ἐπικρῖναι, μὴ δυνηθέντες δὲ ποιῆσαι τοῦτο ἐπέσχον˙ ἐπισχοῦσι δὲ αὐτοῖς οἷον τυχικῶς ἡ ἀταραξία παρηκολούθησεν ὡς σκιὰ σώματι.
En fait, il est arrivé au sceptique précisément ce qu'on dit du peintre Apelle. On raconte qu’alors qu’il peignait un cheval et qu’il essayait d’en imiter l’écume dans son tableau, son échec fut tel qu’il renonça et jeta sur le tableau l’éponge sur laquelle il essuyait les couleurs de son pinceau ; au contact du tableau l’éponge produisit une imitation de l’écume du cheval. Donc les sceptiques aussi espéraient obtenir l’ataraxie en prenant des décisions face à l’irrégularité des phénomènes et des choses pensées, et comme ils ne pouvaient prendre de décision, ils suspendirent leur jugement. Mais, une fois suspendu leur jugement l’ataraxie s’ensuivit comme par hasard, de même qu’une ombre suit un corps
T1_Arcesilas apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 4  1  28

Ἀρκεσίλαος Σεύθου (ἢ Σκύθου, ὡς Ἀπολλόδωρος ἐν τῷ τρίτῳ Χρονικῶν), Πιταναῖος τῆς Αἰολίδος. οὗτός ἐστιν ὁ τῆς μέσης Ἀκαδημείας κατάρξας, πρῶτος ἐπισχὼν τὰς ἀποφάσεις διὰ τὰς ἐναντιότητας τῶν λόγων. πρῶτος δὲ καὶ εἰς ἑκάτερον ἐπεχείρησε, καὶ πρῶτος τὸν λόγον ἐκίνησε τὸν ὑπὸ Πλάτωνος παραδεδομένον καὶ ἐποίησε δι' ἐρωτήσεως καὶ ἀποκρίσεως ἐριστικώτερον.
Arcésilas, fils de Seuthès (ou de Scuthès comme le dit Apollodore dans son troisième livre des Chronologies), de Pythane en Eolide. C’est lui qui fonda la Moyenne Académie, car le premier il pratiqua la suspension des assertions à cause des oppositions des arguments. Il fut aussi le premier à discuter les thèses dans un sens et dans l’autre et le premier à modifier le discours transmis par Platon et à le rendre plus éristique au moyen de la discussion par question et de réponse
T1_Pyrrho apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 9  2  61

Πύρρων Ἠλεῖος Πλειστάρχου μὲν ἦν υἱός, καθὰ καὶ Διοκλῆς ἱστορεῖ˙ ὥς φησι δ' Ἀπολλόδωροςἐν Χρονικοῖς, πρότερον ἦν ζωγράφος, καὶ ἤκουσε Βρύσωνος τοῦ Στίλπωνος, ὡς Ἀλέξανδρος ἐν Διαδοχαῖς, εἶτ' Ἀναξάρχου, ξυνακολουθῶν πανταχοῦ, ὡς καὶ τοῖς γυμνοσοφισταῖς ἐν Ἰνδίᾳ συμμῖξαι καὶ τοῖς Μάγοις. ὅθεν γενναιότατα δοκεῖ φιλοσοφῆσαι, τὸ τῆς ἀκαταληψίας καὶ ἐποχῆς εἶδος εἰσαγαγών, ὡς Ἀσκάνιος ὁ Ἀβδηρίτης φησίν. οὐδὲν γὰρ ἔφασκεν οὔτε καλὸν οὔτ' αἰσχρὸν οὔτε δίκαιον οὔτ' ἄδικον˙ καὶ ὁμοίως ἐπὶ πάντων μηδὲν εἶναι τῇ ἀληθείᾳ, νόμῳ δὲ καὶ ἔθει πάντα τοὺς ἀνθρώπους πράττειν˙ οὐ γὰρ μᾶλλον τόδε ἢ τόδε εἶναι ἕκαστον.
Pyrrhon d'Elis était le fils de Pleistarque, d'après le récit de Dioclès. Comme le dit Apollodore dans ses Chroniques, il a d'abord été peintre, puis il a été l'auditeur de Bryson, le fils de Stilpon, comme le dit Alexandre dans les Diadochies, et ensuite d'Anaxarque, qu'il suivait partout, jusque chez les gymnosophistes en Inde et chez les Mages. De là, semble-t-il, vient sa très noble manière de philosopher, qui introduit la forme de l'insaisissabilité et de la suspension du jugement, comme le dit Ascanios d'Abdère. En effet, il disait que rien n'est beau, ni laid, ni juste, ni injuste, et que de la même façon pour toutes choses aucune n'existe en vérité , mais que les hommes agissent selon la loi et la coutume ; car chaque chose n'est pas davantage ceci que cela.
T2_Pyrrho apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 9  3  62

Ἀκόλουθος δ' ἦν καὶ τῷ βίῳ, μηδὲν ἐκτρεπόμενος μηδὲ φυλαττόμενος, ἅπαντα ὑφιστάμενος, ἀμάξας, εἰ τύχοι, καὶ κρημνοὺς καὶ κύνας καὶ ὅσα 〈τοιαῦτα〉 μηδὲν ταῖς αἰσθήσεσιν ἐπιτρέπων. σώζεσθαι μέντοι, καθά φασιν οἱ περὶ τὸν Καρύστιον Ἀντίγονον, ὑπὸ τῶν γνωρίμων παρακολουθούντων. Αἰνεσίδημος δέ φησι φιλοσοφεῖν μὲν αὐτὸν κατὰ τὸν τῆς ἐποχῆς λόγον, μὴ μέντοι γ' ἀπροοράτως ἕκαστα πράττειν.
Il était conséquent jusque dans sa vie, ne se détournant de rien, ne prenant garde à rien, affrontant toute chose, les voitures, le cas échéant, les précipices, les chiens, en ne fiant en rien à ses sensations pour toutes ces choses. Il n'était sauvé, cependant, comme le dit Antigone de Caryste, que par ses disciples qui l'accompagnaient. Mais Enésidème dit qu'il (sc. Pyrrhon) philosophait selon la théorie de la suspension du jugement, mais que pour chaque chose, il n'agissait pas sans précaution.
DL_104 apud  Diogenius Laertius Vitae Philosophorum 9  8  104

Πάλιν οἱ δογματικοί φασιν καὶ τὸν βίον αὐτοὺς ἀναιρεῖν, ἐν ᾧ πάντ' ἐκβάλλουσιν ἐξ ὧν ὁ βίος συνέστηκεν. οἱ δὲ ψεύδεσθαί φασιν αὐτούς˙ οὐ γὰρ τὸ ὁρᾶν ἀναιρεῖν, ἀλλὰ τὸ πῶς ὁρᾶν ἀγνοεῖν. καὶ γὰρ τὸ φαινόμενον τιθέμεθα, οὐχ ὡς καὶ τοιοῦτον ὄν. καὶ ὅτι τὸ πῦρ καίει αἰσθανόμεθα˙ εἰ δὲ φύσιν ἔχει καυστικὴν ἐπέχομεν.
A nouveau les dogmatiques disent que les sceptiques détruisent même la vie, à propos de laquelle ils rejettent tout ce en quoi la vie consiste. Mais les sceptiques disent qu'ils se trompent, car ils ne détruisent pas le fait de voir, mais ils ignorent comment on voit. En effet, nous posons le phénomène, mais non pas comme étant tel qu'il apparaît. Et que le feu brûle, nous le sentons, mais nous suspendons notre jugement sur la question de savoir s'il a une nature brûlante.
T6_Arcesilas apud  Cicero Academica 1  12  45

itaque Arcesilas negabat esse quicquam quod sciri posset, ne illud quidem ipsum quod Socrates sibi reliquisset, ut nihil scire se sciret; sic omnia latere censebat in occulto neque esse quicquam quod cerni aut intellegi posset; quibus de causis nihil oportere neque profiteri neque affirmare quemquam neque assensione approbare, cohibereque semper et ab omni lapsu continere temeritatem, quae tum esset insignis cum aut falsa aut incognita res approbaretur, neque hoc quicquam esse turpius quam cognitioni et perceptioni assensionem approbationemque praecurrere. huic rationi quod erat consentaneum faciebat, ut contra omnium sententias disserens de sua plerosque deduceret, ut cum in eadem re paria contrariis in partibus momenta rationum invenirentur facilius ab utraque parte assensio sustineretur.
Pour cette raison Arcésilas refusait que quoi que ce soit puisse être connu, pas même ce que Socrate s'était concédé à lui-même : savoir qu'il ne savait rien. . Il pensait donc que tout se cache dans l'obscurité et que rien ne peut être perçu ou compris, que pour ces raisons il ne faut rien avancer, rien affirmer, ne rien approuver par son assentiment, qu’il faut toujours contenir sa témérité et la protéger de toute précipitation alors qu'elle se fait remarquer lorsque nous approuvons des choses fausses ou inconnues, et enfin que rien n'est plus honteux qu'un assentiment et un accord donné en devançant la connaissance et la perception. Il agissait conformément à ce raisonnement au point de faire changer d'avis nombreux de ses auditeurs en argumentant contre les positions de tout le monde, puisque lorsqu'on découvrait qu'il y avait sur le même sujet des arguments d'égale importance en faveur de positions contraires, il était plus facile de suspendre son assentiment sur chacune des positions.