Academica
Cicero
Stéphane Marchand
Ecole Normale Supérieure de Lyon
adresse
Cicero, Academicorum Reliquae cum
Lucullo, O. Plasberg ed., Leipzig, Teubner, 1922
-
F9 Mette (partim)
itaque Arcesilas
negabat esse quicquam quod sciri posset, ne illud quidem ipsum quod
Socrates sibi reliquisset, ut nihil scire se
sciret; sic omnia latere censebat in occulto neque esse quicquam quod cerni
aut intellegi posset; quibus de causis nihil oportere neque profiteri neque
affirmare quemquam neque assensione approbare, cohibereque semper et ab omni
lapsu continere temeritatem, quae tum esset insignis cum aut falsa aut
incognita res approbaretur, neque hoc quicquam esse turpius quam cognitioni
et perceptioni assensionem approbationemque praecurrere. huic rationi quod
erat consentaneum faciebat, ut contra omnium sententias disserens de sua
plerosque deduceret, ut cum in eadem re paria contrariis in partibus momenta
rationum invenirentur facilius ab utraque parte assensio sustineretur.
F9 Mette (partim)
Hanc Academiam novam appellant, quae
mihi vetus videtur, si quidem Platonem ex
illa vetere numeramus, cuius in libris nihil affirmatur et in utramque
partem multa disseruntur, de omnibus quaeritur nihil certi dicitur.
T4 Mette (partim)
—sed tamen illa quam exposuisti
vetus, haec nova nominetur. quae usque ad Carneadem perducta, qui quartus ab Arcesila fuit, in eadem Arcesilae ratione permansit.
Pour cette raison
Arcésilas refusait que quoi que ce soit puisse être
connu, pas même ce que Socrate s'était concédé à
lui-même : savoir qu'il ne savait rien. . Il pensait donc que tout se cache
dans l'obscurité et que rien ne peut être perçu ou compris, que pour ces
raisons il ne faut rien avancer, rien affirmer, ne rien approuver par son
assentiment, qu’il faut toujours contenir sa témérité et la protéger de
toute précipitation alors qu'elle se fait remarquer lorsque nous approuvons
des choses fausses ou inconnues, et enfin que rien n'est plus honteux qu'un
assentiment et un accord donné en devançant la connaissance et la
perception. Il agissait conformément à ce raisonnement au point de faire
changer d'avis nombreux de ses auditeurs en argumentant contre les positions
de tout le monde, puisque lorsqu'on découvrait qu'il y avait sur le même
sujet des arguments d'égale importance en faveur de positions contraires, il
était plus facile de suspendre son assentiment sur chacune des
positions.
On appelle cette Académie "nouvelle",
bien qu'elle me semble ancienne, si cependant on compte bien
Platon parmi cette ancienne Académie, lui qui
n'affirme rien dans ses livres et discute de nombreuses choses dans un sens
et dans un autre, lui qui à propos de tout cherche et ne dit rien de
certain.
Acceptons cependant d'appeler
"ancienne" l'académie que tu as décrite, et "nouvelle" celle dont je
vais parler. Cette dernière va jusqu'à Carnéade,
qui fut le quatrième successeur d'Arcesilas et qui
conserva la même méthode qu'Arcesilas.
F9 Mette
Tum illum ita definisse, ex eo
quod esset sicut esset, impressum et signatum et effictum
. Post
requisitum etiamne si eiusdem modi esset uisum uerum quale uel falsum. Hic
Zenonem uidisse acute nullum esse uisum quod
percipi posset, si id tale esset ab eo quod est cuius modi ab eo quod non
est posset esse. Recte consensit Arcesilas ad
definitionem additum, neque enim falsum percipi posse neque uerum si esset
tale quale uel falsum ; incubuit autem in eas disputationes, ut doceret
nullum tale esse uisum a uero ut non eiusdem modi etiam a falso possit esse.
Alors Zénon l’a
[sc. l’impression compréhensive] définie ainsi : celle qui est « imprimée,
marquée, modelée à partir d’un objet réel, exactement tel qu’il est ».
Ensuite Arcésilas demanda si cela serait encore le cas
si une impression vraie était identique à une impression fausse. Ici
Zénon vit subtilement qu’aucune impression ne
serait compréhensible si une impression qui vient d’un objet réel pouvait
être identique à celle qui vient d’un autre objet. A raison
Arcésilas était d’accord qu’il fallait un ajout à
la définition car ni le faux ni le faux ne peuvent être saisis si le vrai
est identique au faux. Mais il pris soin dans ces discussions à montrer
qu’il n’y avait aucune impression provenant du vrai qui ne puisse être
identique à une impression qui proviendrait du faux
F4 Mette
F5 Mette - l.126-137
F5 Mette - l.126-137
LS69I (partim)
Quae cum exposuisset, adiungit
dupliciter dici adsensus sustinere sapientem, uno modo cum hoc
intellegatur, omnino eum rei nulli adsentiri, altero cum se a
respondendo ut aut adprobet quid aut inprobet sustineat, ut neque neget
aliquid neque aiat. Id cum ita sit, alterum placere ut numquam
adsentiatur, alterum tenere ut sequens probabilitatem, ubicumque haec
aut occurrat aut deficiat, aut 'etiam' aut 'non' respondere possit. †nec
ut† placeat eum qui de omnibus rebus contineat se ab adsentiendo moveri
tamen et agere aliquid, reliquit eius modi visa quibus ad actionem
excitemur, item ea quae interrogati in utramque partem respondere
possimus sequentes tantum modo quod ita visum sit, dum sine adsensu;
neque tamen omnia eius modi visa adprobari sed ea quae nulla re
inpedirentur.
Après avoir exposé cela,
Clitomaque ajoute que l'on peut dire en deux
sens que « le sage suspend son assentiment ». Selon le premier sens, il
faut comprendre que le sage ne donne son assentiment absolument à rien.
Selon le second sens, il s'abstient de donner une réponse qui fasse
qu'il approuve ou désapprouve quoi que ce soit, de sorte qu'il ne nie ni
n’affirme rien. Puisqu’il en est ainsi, il accepte d'un côté le premier
sens de sorte qu'il ne donne jamais son assentiment, de l'autre, il
maintient le second sens de sorte qu'il suit ce qui est plausible, et
lorsque celui-ci se présente, ou au contraire lorsqu'il manque, il peut
répondre "oui" ou "non". Puisqu'il pense que celui qui, à toutes choses,
s'abstient de donner son assentiment se meut pourtant et agit, il
accepte ces impressions qui nous poussent à agir, ainsi que, lorsque
nous sommes interrogés, les réponses que nous pouvons donner pour ou
contre quelque chose en suivant seulement les impressions, sans pourtant
donner notre assentiment. Cependant ce ne sont pas toutes les
impressions de ce genre qui sont approuvées, mais celles qui ne sont
empêchées par rien.